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Article 65 de la loi d’orientation de l’éducation en Mauritanie : la pomme de discorde

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Le Reflet | Des membres de l’organisation pour l’officialisation des langues nationales (OLAN), a tenu, lundi 25 juillet, un sit-in devant l’assemblée nationale. Les militants qui exigeaient l’amendement de l’article 65 de la loi d’orientation de l’éducation nationale, ont été violemment réprimés à coups de matraques.  Au moins cinq d’entre eux se sont retrouvés à l’hôpital, aux urgences. Parmi eux, figure le journaliste et coordinateur d’OLAN, M. Doro Gueye. La loi a été adoptée le jour même, mais les manifestants appellent à nouveau à la mobilisation.

Déjà à l’étape d’avant-projet, l’article 65 sur la place des langues dans l’enseignement a été fortement décrié. Nous l’évoquions dans notre précédent article sur le sujet. Afin de faire entendre sa voix, OLAN a décidé de se mobiliser les dimanche 24 et lundi 25 juillet devant l’assemblée nationale.

Militante d'OLAN à terre, tombée sous les coups. Crédit photo: Page facebook OLAN
Militante d’OLAN à terre, tombée sous les coups. Crédit photo: Page facebook OLAN

Outre le rassemblement devant le parlement, des militantes d’OLAN étaient parvenues à se faufiler dans les couloirs de l’assemblée jusqu’à atteindre la salle des plénières. Salimata Ba, responsable de la communication d’OLAN a réussi à se hisser au dernier palier de la salle des plénières et s’est adressée aux députés en ces termes: « sachez que c’est de notre avenir qu’il s’agit, sachez que c’est que tout le peuple vous écoute ».

Salimata a passé son message, avec une voix saccadée (voir la vidéo) car elle se débattait en même temps, avec un monsieur en costume bleu, qui tentait de la faire taire. Ce dernier est présenté sur les réseaux sociaux comme étant un vigile. La scène filmée et postée sur les réseaux sociaux a suscité l’indignation du public.

S’agissant des députés, certains ont dénoncé l’évacuation sans ménagement des manifestants et condamné la violence disproportionnée. Parmi elles, on distingue l’honorable Kadiata Malick Diallo. Au cours de la session plénière, elle a proposé 4 amendements.

Enseignement des adultes

Le premier amendement proposé est relatif à l’article 55 sur l’éducation des adultes ou alphabétisation. Elle propose de modifier la troisième phrase de  l’article en question, qui dit que « l’éducation pour adultes est dispensée dans les institutions publiques ou privées, en milieu associatif ou professionnel », en précisant que « l’éducation pour adultes est dispensée dans les langues nationales ». Et cela, pour qu’au niveau formel et informel, que les langues puissent être promues, par l’usage.

La députée a estimé que cette éducation des adultes se fera plus facilement, plus aisément dans les langues nationales. Elle a ajouté « on n’a pas besoin d’expérimentation, car avec l’expérience au niveau des associations, (…) des milliers de gens ont été alphabétisés dans les langues nationales avec un niveau qui n’a rien à envier à ceux qui ont été formés dans d’autres langues.

Contradictions de l’article 65

Le second amendement concerne l’article 65 portant sur l’enseignement des langues nationales au niveau du primaire. La députée qui est également professeure de formation, souligne qu’il est spécifié que « l’arabe est enseignée à tous les niveaux et  on a prévu la même chose pour les langues nationales avec des conditions assorties ».

Ensuite, elle a relevé que l’article précise « qu’au niveau du primaire, tous les enfants apprennent les matières scientifiques (mathématiques et sciences) dans leurs langues » mais ne comprends pas « pourquoi on priverait un enfant pulaar qui apprend dans sa langue, d’étudier l’histoire et la géographie, dans sa langue ».

A l’image des manifestants matés dehors, la députée y voit une contradiction. « Quand on dit que l’enfant doit faire l’enseignement dans sa langue maternelle et qu’il va aussi le faire en arabe, ça se contredit », dit-elle. La députée qui attire l’attention sur le fait « qu’on ne sait pas à quoi ça va nous mener », propose un amendement.

Elle recommande cette reformulation : « l’arabe est enseignée à ces enfants dont la langue maternelle n’est pas l’arabe, comme langue de communication », car, poursuit-elle, « ils ne peuvent pas avoir deux langues d’enseignement au même niveau ».

Officialisation des langues nationales

Son troisième amendement présenté au cours de la même session plénière , se rapporte à l’officialisation des langues nationales pulaar, wolof soninké. « Une loi d’orientation projette ce que l’on veut faire et renvoie à plusieurs lois », note la députée. « Nous avons adopté la formule d’enseigner les enfants dans leurs langues. C’est le droit de ces langues d’être émancipées, d’être des langues de promotion et travail » a-t-elle déclaré.

La députée qui s’est exprimée en arabe par moments, a rappelé qu’elle n’était pas contre l’amélioration  du niveau de l’arabe, mais refuse que les langues nationales soient cantonnées au seul domaine d’usage. « Ils doivent pouvoir travailler dans leur langue », a-t-elle martelé.

Kadiata Malick Diallo qui dit savoir que ce n’est pas loi ici qui peut le permettre mais la constitution, propose toutefois un nouvel article dans les dispositions finales qui stipule que « pour assurer pour une véritable promotion des langues pulaar, soninké et wolof, et un rendement effectif de leur enseignement, l’option de leur officialisation est nécessaire ».

Institut des langues

Enfin, le quatrième amendement est relatif à l’institut qui va être créé pour préparer l’introduction des langues nationales dans le système éducatif. « Il est dit au niveau des annexes que cet institut une fois qu’il y aura la généralisation, ses prérogatives seront reversées à d’autres institutions nationales », constate la députée.

Or, elle « estime que ces langues auront encore pour longtemps, besoin d’un centre pour recherches linguistiques appliquées ». Elle propose que cet institut soit maintenu avec une nouvelle mission qui est la recherche pour le développement des langues.

En Mauritanie, la question des langues dans le système éducatif a toujours suscité débat. Cette énième réforme n’y échappe pas. D’ailleurs OLAN a annoncé sur différents réseaux qu’elle compte continuer à battre le macadam, pour l’amendement de l’article 65 et l’officialisation des langues nationales. Du côté du ministère de l’éducation nationale, on estime que le processus de réforme «  a été marqué par une large concertation », et que la loi d’orientation est à l’image de « l’école que nous voulons ».

Par Amadou SY

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AMADOU SY
AMADOU SYhttps://www.lereflet.net
Passionné par le journalisme et les cultures urbaines. A côté de la vie de journaliste de tous les jours, je tiens le blog GongaVox sur la plateforme Mondoblog de RFI.

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