Le torchon brûle à nouveau entre la Mauritanie et le Sénégal. Et pour cause, un pêcheur sénégalais a été tué par balle, par une patrouille des gardes-côtes mauritaniens. Selon l’armée, il y a eu violation des eaux territoriales et que c’est la faute des pêcheurs qui ont refusé obtempérer. Mais de l’autre côté de la rive, cette version est balayée du revers de la main. On dénonce une bavure de l’armée mauritanienne qui « n’en est pas à sa première victime ».
Le drame s’est produit dans la soirée du samedi 27 janvier 2018, aux alentours de 21h30 apprend-on. Mais qu’est ce qui s’est passé? L’Etat-major Général des Armées qui s’est fendu d’un communiqué trois jours plus tard, explique que la patrouille a intercepté » dans la zone de N’diago à la position (16° 06 N – 16° 35 W) une pirogue sénégalaise qui péchait sans autorisation dans nos eaux territoriales ».
« Refus d’obtempérer »
Toujours selon le texte de l’armée, sommés de s’arrêter, les pêcheurs ont refusé « d’obtempérer aux mises en gardes répétées de l’équipage et s’est même rapprochée du bateau de surveillance dans l’intention d’entrer en collision avec lui en vue de l’endommager ».
« Le comportement provocateur de l’équipage de la pirogue a été à l’origine de cet incident regrettable », dixit l’Etat Major Général de l’Armée.
C’est « face à cette situation dangereuse, et dans le but d’immobiliser l’embarcation, le patrouilleur a procédé aux tirs sur le moteur de la pirogue », souligne le communiquée de l’armée. Après son immobilisation, poursuit l’armée, « il s’est avéré que l’un de ses neuf occupants a été touché et il succomba à ses blessures quelques temps après ». Voilà en substance la position de la Mauritanie. Mais du côté du Sénégal, cette version n’est pas convaincante.
Un oncle meurtrie
En effet, pour l’oncle de la victime et propriétaire de la pirogue, l’équipage n’a pas franchi volontairement les eaux mauritaniennes. Car, confie t-il à nos confrères de Le Monde, « J’ai conseillé à mes fils de ne pas aller en Mauritanie mais la frontière est difficile à voir, explique-t-il. Ils ont respecté mes consignes je le sais, et ils n’ont pas pu dériver en Mauritanie puisque le courant est sud. » Au Sénégal des voix s’élèvent pour exiger toute la lumière sur cette affaire ténébreuse. Mais la conséquence immédiate est une explosion de colère à Sait Louis.
Boutiques saccagées
La-bas, des habitants ont battu le macadam dans les rues pour protester « contre une énième vie emportée par les gardes côtes mauritaniens ». Résultat, plusieurs commerces tenus par des mauritaniens ont été vandalisés, saccagés et le monument de la première guerre mondiale incendié avant que la police anti-émeutes sénégalaise n’intervienne à coups de gaz lacrymogènes. Il a fallu, l’intervention du gouverneur de Saint Louis pour apaiser la situation.
Destin lié
Quatre jours après le drame, la situation reste tendue. Ce, d’autant plus que les huit autres membres d’équipage sont en garde à vue. Ils seront certainement remis aux autorités sénégalaises, après moult tractations. En attendant, sur les réseaux sociaux et dans les salons, chacun y va de son commentaire.
La Mauritanie et le Sénégal, faut-i le rappeler, partagent plus qu’une simple frontière. Le brassage entre les deux peuples, nous obligent à souvent lâcher du leste pour vivre en paix. Ces dernières années, les relations en dents de scie, ont régulièrement fait couler encre et salive. Et c’est presque toujours une situation similaire : une pirogue sénégalaise et garde côtes mauritaniens. Les deux gouvernements devront trouver une solution pérenne pour que pareille situation ne se reproduise.