Nouakchott, 9 août 2023 (LeReflet) – Trois jours après l’expiration de l’ultimatum de la CEDEAO, le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), qui a renversé Mohamed Bazoum, conserve tous les leviers du pouvoir. Après les messages « fermes » arrimés à d’autres qualificatifs « guerriers », l’heure semble être à la retenue et au « dialogue ».
Dans la nuit du mardi à mercredi, la CEDEAO sous le lead du nigérian Bola Tinubu a souligné dans un communiqué, qu’elle va « déployer toutes les dispositions nécessaires en vue d’assurer le retour à l’ordre constitutionnel ». La menace d’intervention militaire plane encore, mais elle s’éloigne de plus en plus, surtout avec la fermeture de l’espace aérienne.
Outre la communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest, le tweet du chef de la diplomatie américaine, Antony Bliken va dans le sens de l’apaisement. En effet, il déclaré ce mercredi avoir parlé avec le président déchu Mohamed Bazoum, afin « d’exprimer nos efforts continus pour trouver une solution pacifique à la crise constitutionnelle actuelle ».
Le Mali et le Burkina, ont signé un communiqué conjoint dans lequel ils soutiennent que la CEDEAO « en rupture totale avec la légalité internationale et la légitimité, a fait le choix de privilégier les mesures coercitives, y compris le recours à la force armée, contre un pays souverain ».
Selon les régimes de Bamako et d’Ouagadougou, « le motif de cette agression, déguisée en intervention militaire sous le prétexte du rétablissement de la démocratie, cache mal les agendas des puissances étrangères prêtes à aggraver une situation sécuritaire déjà précaire, du fait, faut-il le rappeler d’un précédent similaire en 2011, qui a causé l’effondrement de l’Etat libyen et la déstabilisation de la région du Sahel ».
De l’autre côté, l’échange d’amabilités continue entre les autorités françaises et nigériennes. Les nouveaux hommes fort du Niger ont accusé les forces françaises d’avoir violé la fermeture de l’espace aérien décrété depuis dimanche.
Dans la foulée, Paris a démenti ces accusations à travers un communiqué conjoint des ministères des Affaires étrangères et des Armées. Il y est indiqué que « le mouvement aérien réalisé ce jour au Niger a fait l’objet d’un accord préalable et d’une coordination technique avec les forces nigériennes, autorisation confirmée par écrit ».
De même, la France réfute les déclarations du pouvoir de Niamey selon lesquelles, la France « a libéré des terroristes » qui se sont par la suite réunis quelque part en vue de préparer « une attaque ».
La France faut-il le rappeler, avait transféré le cœur de sa force Barkane au Niger, après son divorce avec le Mali. Va-t-on vers un nouveau transfert des forces françaises qui luttent contre le terrorisme au Sahel au Tchad, qui demeure son allié ? A noter que ce pays, dont le dirigeant a été dépêché à Niamey pour s’enquérir de la situation de Mohamed Bazoum, est issue d’un régime militaire avec à sa tête, le fils d’Idriss Deby, ayant remplacé le père (Idriss Deby), lui-même arrivé par coup d’Etat.
Au Niger, la junte réunie au sein du CNSP continue de suivre le cycle « normal » d’un putsch « classique » sur le continent. Les institutions sont suspendues, les frontières fermées et des nominations sont effectuées. C’est d’ailleurs dans ce sens que le Général Abdourahmane Tchani, nouvel homme fort du Niger, a nommé un nouveau premier ministre.
L’Afrique plombée par le sous-développement et la mal gouvernance est encore à la traine, plus de soixante après les indépendances octroyées. Une bonne partie de l’Afrique l’Ouest ont connu des pouvoirs militaires, des modifications constitutionnelles pour demeurer au pouvoir, entre autres. Ce sont ces mêmes personnes qui « légalisent » leur pouvoir avant de siéger dans les organisations régionales et internationales, écornant ainsi l’image de ces dernières, considérées comme étant des caisses de résonnance.