Au stade Cheikha Ould Boidiya de Nouakchott, l’équipe nationale de football s’est défaite du Gabon (2-1), samedi 9 septembre. La victoire acquise au terme de la 6e journée des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations Côte d’Ivoire 2023, est synonyme de 3e qualification à la compétition la plus prestigieuse du continent. La RD Congo et la Mauritanie sont les deux qualifiés du groupe I.
Samedi, la Mauritanie recevait le Gabon et sa constellation de stars. Il s’agissait d’une rencontre décisive, dans la mesure où les deux équipes étaient à égalité de points (7) et restaient sur un match nul vierge, à l’aller. Les mourabitounes devaient gagner, pour arracher un des deux tickets destination : Côte d’Ivoire.
Fait de jeu
Devant un public venu nombreux, sous une chaleur de plomb, les mourabitounes ont mouillé le maillot. Dès l’entame du match, les gabonais peu sereins, se retrouvent à 10. Le gardien est l’auteur d’un geste d’anti jeu, qui lui vaudra un carton rouge. On joue la 4e minute.
Les hommes d’Amir Abdou qui avaient déjà détecté l’alignement douteux de la défense adverse, vont l’exploiter allégrement. C’est comme ça qu’arrive l’ouverture du score, grâce à Tanji.
Ouverture du score

A la relance, Mohcine Bodda (n°8), plus bas sur le terrain que d’habitude, va fouetter le cuir, pour envoyer une transversale digne des grands noms du football mondial. Tanji (n°9), qui joue en soutien d’Aboubakar Kamara (n°27), va dévorer l’espace dans le dos de la défense, effectuer un amorti poitrine, avant d’exécuter le portier gabonais. On joue la 29e, c’est l’extase au stade.
Maintenir la pression
Face à des gabonais en peine, notamment grâce au travail monstrueux effectué par les mourabitounes, pour couper les communications entre la défense et l’attaque, les hommes d’Amir Abdou ne vont pas relâcher la pression. C’est ainsi qu’Abdallahi Mahmoud (n°17) va gratifier le public d’un combo, protection de balle, dribble et frappe puissante qui finit sa course sur le poteau. 39e, frayeur.
Deuxième but
L’ogive du n°17 des mourabitounes, était révélatrice du désir l’équipe virtuellement qualifiée, de tuer le match avant la mi-temps. Ce vœu sera exaucé par Abubakar Kamara (n°27) qui intercepte une passe latérale peu appuyée à destination du défenseur central. Intraitable, il conclut du gauche. 2-0. On joue la 41e.
Malgré que les tentatives timides du Gabon, le score restera inchangé, au terme des 6 minutes du temps additionnel, accordé par l’arbitre Algérien Mustapha Ghorbal.
Résistance
Au retour des vestiaires, les Gabonais vont vainement tenter de réduire le score. El Hassen Houeibib (n°21) s’est frotté à de nombreuses reprises à l’attaque adverse, Aubameyang en tête, notamment à la 59e. Dans son couloir, Ibrahima Keita (n°20) a été solide en défense et tranchant dans les phases offensives.
A l’heure de jeu, les deux sélectionneurs ont effectué plusieurs changements. Avant de céder sa place, Kamara s’est illustré à la 62e, pour sceller la victoire.
Petite frayeur

Les Gabonais, au bout de leur vie, enregistrent leur première frappe cadrée à la 77e. Elle porte la signature du capitaine et joueur de l’Olympique de Marseille, Aubameyang. Ils réussiront à réduire le score, suite à une faute de main du gardien Mauritanien Babacar Niasse (n°16). En effet, jusqu’ici impérial, Niasse est surpris par un rebond consécutif à la frappe « anodine » d’Ibrahim Didier Ndong (n°22). 2-1, on joue la 91e.
Les panthères auraient même pu égaliser à quelques secondes de la fin de la partie. 94e au tableau d’affichage quand Niasse annihile l’action adverse et se saisit d’un tir qui filait droit. Le portier mauritanien auteur d’une bourde quelques minutes plus tôt, vient de s’illustrer. C’est lui qui préserve l’avantage acquis en première période.
Qualifiés
A la fin du coup de sifflet final, c’est l’explosion de joie. Public, joueurs et dirigeants en symbiose, jubilent. Larmes, cris, prières, danses et feu d’artifice.
Le canonnier de la Mauritanie, Kamara s’exprime, ému. Il tenait à rappeler que ses camarades et lui œuvrent d’arrache-pied, pour honorer le maillot.
Il faut rappeler que la sélection de certains joueurs avait suscité débat sur les réseaux sociaux. On disait qu’ils étaient en manque de compétition, donc bons « pour le banc ». Au final, ce sont ces mêmes joueurs qui décrochent la réservation pour « Babi ».
Et maintenant ?
Au micro de notre reporter, le président de la Fédération mauritanienne de football (FFRIM), Ahmed Yahya a d’abord exprimé sa solidarité au peuple Maroc frappé par un séisme avant de déclarer que la Mauritanie a fait le travail, notant que cette troisième qualification ne peut pas être placée sous le sceau la chance. C’est le fruit d’un travail continu. Pour lui, le défi est maintenant d’aller le plus loin possible à la CAN et de viser par ailleurs la 1ère qualification du pays à la Coupe du monde.
Amir Abdou : fierté

Lui emboitant le pas, l’autre héros du jour, Amir Abdou, s’est dit fier de cet accomplissement. Il a rendu hommage à ses hommes qui ont tout donné. Il aussi rappelé que le résultat est obtenu par un groupe, composé de joueurs locaux et d’expatriés.
Fin connaisseur du football mauritanien, il avait aligné un onze de départ composé de 7 joueurs formés par des clubs de Mauritanie et qui se sont forgés ici. Comme quoi, malgré les difficultés, le potentiel de notre football est important.
Interrogé sur les ambitions de l’équipe par rapport aux joutes ivoiriennes à venir, Abdou botte en touche. Pour lui, il faut d’abord savourer cet accomplissement, le digérer et préparer sereinement le rendez-vous de janvier 2024.
Coupe du monde 2026
Il a en outre rappelé que les mourabitounes disputeront deux matchs en novembre dans le cadre des éliminatoires de la coupe du monde 2026. Ceci implique une préparation en octobre. On reverra donc Kamara et compagnie, bientôt, pour le plus grand bonheur des mauritaniens.

De son côté, le sélectionneur du Gabon, Patrice Neveu, s’est présenté en conférence presse, avec la mine des mauvais jours. Il a évoqué la qualité de l’équipe nationale mais aussi l’expulsion de son gardien, sans remettre en cause ouvertement l’arbitrage. Il s’est toutefois plein de la « guerre psychologique » dont, il a certainement fait les frais. En effet, un groupe « d’ultras » était positionné non loin de son banc, muni de tambours et vuvuzelas.
Grâce à cette qualification, les mourabitounes s’assurent une participation à la coupe d’Afrique des Nations, pour la troisième fois de son histoire. Ils auront à cœur de faire mieux que les précédentes éditions. La Mauritanie, petit poucet du football africain, continue de prendre du galon.